II) La création du mouvement Rasta :

A) Biographies .

1) Marcus Mosiah Garvey:

Marcus Garvey est le « prophète »de la culture Rasta car il est celui qui a transformé l’ Ethiopisme religieux en mouvement revendicatif. Il est donc essentiel de lui consacrer une biographie ici.

Né le 17 août 1887 à la baie de St Ann en Jamaïque le jeune Marcus va à l’école primaire jusqu’à 14 ans. Il raconta que c’est vers cet âge qu’il se rendît compte de la ségrégation raciale. Notamment après que sa première amoureuse, une petite blanche, ai reçue l’interdiction de fréquenter ce « nègre ».

Puis, il travailla pour son oncle dans une imprimerie jusqu’à 20 ans. Il fût renvoyé pour avoir revendiqué de meilleures conditions de travail en participant à une manifestation.

En 1909 il décide de quitter la Jamaïque et il visite les différentes communauté Noires de l’Amérique Centrale. Il avait l’intention d’y publier un journal mais ce fût un échec.

Trois ans plus tard, il effectue son premier voyage en Angleterre où il séjourna deux ans. Là bas, il lu de nombreux ouvrages sur la « race Nègre » et après un apprentissage approfondi de l’Histoire Africaine il déclara « .... c’est alors que je vis devant moi le nouveau monde de l’homme Noir, non pas un monde de pions, de serfs, de chiens, mais une Nation d’hommes résolus à marquer la civilisation de leur empreinte et à faire briller sur la race Humaine une nouvelle lueur. Je ne pouvais plus rester dans l’ombre...( Opinions et philosophie. Edition Caribéennes)

Plein d’idées et d’ambition Marcus Garvey rentre en Jamaïque à 27 ans et fonde l’UNIA ( Universal Negro Improvement Association ou Association Universelles du Développement des Nègres ).

Son slogan : ONE GOD, ONE AIM, ONE DESTINY ( UN DIEU, UN BUT, UNE DESTINEE )

Son programme : L’amélioration des conditions de vie des pauvres de Jamaïque donc des Noirs.

Garvey en est le président et représentant, c’est d’ailleurs en sa qualité d’orateur que réside un de ses points forts. Il veut que soit reconnue : « ... la dignité et l’intégrité de la race Noire, même au prix de ma souffrance... »

De 1916 à 1919, il visitera 38 états des Etats Unis et y fondera plus de trente branches de l’UNIA. De même il publie son premier journal, « the Negro World » ( le monde des Noirs ) qui prône une Nation Nègre : l’Afrique. Le journal est diffusé dans toutes les colonies et en plusieurs langues ( Français, Espagnol...) si bien que certains gouvernements colonialiste condamnait à la prison à vie toute personne l’ayant en sa possession !!

En Amérique Garvey acheta un auditorium baptisé « Liberty Hall »( Hall de la liberté), premier d’une longue série. Il fonda aussi une entreprise aux actionnaires strictement Noirs : La Black Star Liner. Cette compagnie maritime est très souvent citée chez les Rastas car elle représente tout le concept de rapatriement des Noirs en Afrique dont Garvey était le précurseur.

Le 1er Août 1920, à 33 ans, Marcus Mosiah Garvey parade en tête de ses « troupes » dans les rues de Harlem ( New York). Ainsi 25 000 personnes écoutèrent son discours, celui de la première Convention de l’UNIA, dont voici un extrait :

« Nous sommes les descendants d’un peuple qui a beaucoup souffert, nous sommes descendants d’un peuple résolu à ne plus souffrir (....) Si l’Europe est aux Européens, alors l’Afrique doit être à tout les Noirs du monde . »

Il fût choisi un drapeau de la Nation Noires : Rouge, pour le sang qui fût versé, Noir, symbole de la fierté, et vert, promesse d’une vie meilleure.

On prononça aussi les 54 articles de « Declaration of Right » dont les passages sont repris souvent dans le reggae ( Musique Populaire Jamaïcaine ).

Des Ministres et Ducs d’Afrique furent nommés et Marcus Garvey désigné comme « Président Intérimaire de l’Afrique ».

On parla encore longtemps du « Black Moses » (Moïse Noir) dans les rues de Harlem.

Ni la communauté Noir de ceux que Garvey appelait « Nègres à Blancs » ni la communauté Blanche n’appréciaient son importance croissante.

Ainsi, en 1923, après la troisième convention Marcus Garvey fût poursuivi pour escroquerie dans l’affaire de la Black Star Liner. Au procès il assure lui même sa défense et déclare entre autre:

« Je respecte toute les races: je pense que les Irlandais doivent être libre, (....)et les Egyptiens,(...) et les Indiens doivent être libre (...) .Je crois aussi que l’Homme Noir doit être libre (...). Ce n’est pas l’argent qui me motivait mais le bien de notre Race maintenant et pour les générations à venir. Je ne vous demande pas de sympathie, je demande justice à partir des déclarations faites devant cette cour(...) ».

Les témoins du procès étaient assez peu sûr d’eux et semblaient en relation louche avec certains enquêteurs. Et quand en 1925 son pourvoi est rejeté, même certains journaux Blancs en sont étonnés!!! Le Evening Bulletin écrira:   «Garvey est un Nègre mais même un Nègre a le droit à la justice (...) Les problèmes ont commencés pour lui quand il s’est mis à s’attaquer à ces deux nations ( France et Angleterre N.D.A) »

Même certains de ses ennemis Noirs parleront d’injustice....

En 27, à la suite d’une pétition, Garvey est libéré mais renvoyé de force en Jamaïque où le gouvernement craint son retour...

Le Daily Gleaner, journal jamaïcain, écrivit :   « c’est avec une grande inquiétude que nous attendons le retour de Marcus Garvey à la Jamaïque» . Cette opinion est loin d’être celle de la population de l’île qui l’attendait « comme le Messie ».Le lendemain de son arrivée, Garvey tient une réunion dont voici un extrait qui montre les références religieuses de ses discours:  « Les noirs de Carthage, les noirs d’Ethiopie et d’Alexandrie ont donné au monde la civilisation (...) L’Ethiopie tendra ses mains vers Dieu, et d’Egypte viendront des princes » ou « Quand l’Europe était peuplée de sauvages, de païens(...) l’Egypte, l’Ethiopie et Tombouctou étaient peuplées d’Homme Noirs cultivés ». Ce genre de phrases montre très bien en quoi Garvey a modernisé le concept d’Ethiopisme et ouvert la voie au message Rastas.

A la suite de cela qu’il voyagea en Europe et au Canada à la recherche de fonds et de nouveaux adeptes pour promouvoir le redressement de l’Afrique, qui,  « une fois debout ne se rendormira plus »

En 1928 Garvey fonde le PPP ( People’s Political Party ou Partie Politique du Peuple) qui a pour but d’effectuer la « 2ème abolition de l’esclavage pour obtenir la vraie liberté. » Pour lui même si l’esclavage était officiellement aboli, l’oppression et la domination des Blancs sur les Noirs continuaient, représentant « l’esclavage mental » .14 points sont au programme dont certains contraignent Garvey a re-séjourner quelque temps en prison pour diffamation...

Pourtant largement soutenu par le peuple le parti perd les élections de 1930, le suffrage sélectif semble être une cause déterminante de cette défaite. Dégoutté, Garvey se consacre alors à son nouveau journal « The New Jamaican » ( le nouveau Jamaïcain ) jusqu’en 1935. Cette année là, il part s’installer à Londres où il échoua dans sa tentative de création d’une école pour futur leader Noir.

Rejeté même de ses frères Noirs (les plus lettrés) il meurt dans son appartement en Juin 1940.

A l’apogée de sa carrière Marcus Garvey avaient plus de 6 millions de supporters. Déclaré Héros National en 1964 il semble que le gouvernement Jamaïcains l’ai préféré mort que vivant. Il est de notoriété publique que les hommes politiques qui ont fait revenir la dépouille du « Président Intérimaire de l’Afrique » en Jamaïque ont fait preuve d’un certain cynisme, si bien que la population de l’île a arraché les couronnes qu’ils déposèrent sur sa tombe.

 

« Il n’y aura pas de paix entre les hommes et les nations tant que le fort continuera à opprimer le faible, tant qu’un peuple commettra des injustices envers un autre. Aussi longtemps que cela durera il y aura des causes de guerre, qui rendront impossible une paix durable »

Cette pensée de Marcus Mosiah Garvey ressemble à un discours de RASTAFARI Haile Selassie I prononcé quelques années plus tard.

2) Haile Selassie I, le Ras Tafari :

Pour les Rastas le Négus d’Ethiopie est Dieu. Il est celui qui a montré et montre la voie à suivre, il est le noyau de la philosophie RASTAFARIENNE. Cette petite biographie va relater les actions et quelques paroles de Sa Majesté Impériale, le Négus d’Ethiopie.

Fils de Yeshimabet, épouse de Son Altesse Ras Makonen, le petit Tafari est né le 23 Juillet 1892, à Egessa Gourou dans la province de Harrar en Ethiopie. En 1916 il reçoit le titre de Ras et est dès lors le prince de l’Ethiopie, puis, en 1928 on le nomme NEGUS (roi).

Avant d’être proclamé Empereur il a déjà agit pour sa Nation : En 1923, il réussit à faire admettre l’Ethiopie comme premier membre Africains de la Société des Nations, qui deviendra l’ONU après la seconde guerre mondiale.

De confession Orthodoxe Ethiopienne, il fit traduire la Bible du Guez en Amharique afin que tous puissent la lire.

Enfin, le 2 novembre 1930 il devient Empereur et choisit le nom de Haile Selassie Ier ( pouvoir de la trinité) et par signe Astrologique ainsi que part sa descendance il obtient le titre de Lion conquérant de la tribu de Judah, Roi des Rois et Seigneur des Seigneurs, Elu de Dieu .

Dès le début de son règne il envoya de nombreux jeunes Ethiopiens étudier à l’étranger. En effet pour Sa Majesté, l’éducation n’est pas seulement une nécessité mais la pierre angulaire du progrès de son peuple:   «l’éducation est la seule arme avec laquelle les tâches nationales les plus nobles peuvent être accomplies »( parole de RasTafari).

L’Empereur attachait beaucoup d’importance à ce que sa nation soit aussi moderne que les pays plus avancés. Ainsi il introduit en Ethiopie les premières voitures et avions de même que l’électricité, l’imprimerie et instaura le premier système postal moderne qui couvrait tout le pays.

Le 31 mai 1935, RasTafari conduisit son armé contre l’attaque des fascistes qui attaquait l’Ethiopie mais il dut finalement se réfugier en Angleterre en mai. Puis il se rendit à Genève pour demander de l’aide afin de libérer son peuple des fascistes. Il y prononça un long discours qui traduisait son refus de consentir à la défaite, la certitude qu’une bataille perdue ne signifie pas que la guerre est perdue.

Et juqu’en 1941, Sa Majesté réuni des forces Africaines et retourne en Ethiopie où il réussit à battre Mussolini et son armée. Le 5 mai il rentre à Addis-Abéba prononce un discours de victoire : « Ne rendez pas le mal pour le mal. Ne commettez aucun acte de cruauté envers les Italiens, bien qu’ils en aient commis de nombreux contre nous. Ne donnez aucune occasion l’ennemi de ternir la bonne réputation de l’Ethiopie.»

Dans le début des années 60 l’Empereur RasTafari lance l’idée d’une force militaire et d’une banque africaine commune. Il considère qu’il est de son devoir d’apporter son soutien à tous les mouvements de lutte contre le colonialisme, lui dont le pays n’a perdu sa souveraineté que pendant quelques années. En 1962, Addis-Abeba , capitale d’Ethiopie, abrite les assises du mouvement Panafricain pour la liberté de l’Afrique Centrale et Orientale (PAFMECA)dont l’objectif est la liquidation du colonialisme et la création d’une union internationale de la Mer Rouge au Cap. On peut considérer le RasTafari comme père de l’OUA car il réussit à amener Sékou Touré, Houphouët Boigny, Modibo Keita, Nkrumah, Youlou, Nasser et d’autre dirigeants Africains, à signer la Charte de l’Union Africaine. dans le discours qu’il prononça, Haile Selassie I prône l’assistance mutuelle en matière de défense continentale et le règlement pacifique des conflits intra-continentaux, il rend aussi un hommage à l’anti colonialisme et maudit l’Apartheid.

Voici deux des actions qui joue un rôle essentielles dans la culture des Rastas : Le 25 août 1937, Haile Selassie I ordonne la constitution de l’Ethiopian World Federation Inc. Organisation s’adressant aux Noirs du monde entier et 1955, Haile Selassie I, fera le don des terres de Shashamane à tous les Noirs expatriés d’Afrique dans le monde.

Haile Selassie I effectue de nombreux voyages durant son règne, il alla voir Pie XII au Vatican, visita l’URSS et en 1966 il se rendit en Jamaïque où il décora plusieurs Rasta de titres Ethiopiens. Il mit la première brique d’une école d’un quartier pauvre de Kingston pour montrer l’importance qu’il attachait à l’éducation.

Sur ce point il est essentiel de rappeler les mesures prises par l’Empereur sur le plan national. Il organisa par exemple la journée d’alphabétisation, symbole d’une politique beaucoup plus vaste d’éducation des masses.« Au cours des cinq dernière années seulement, plus de 750.000 hommes et femmes ont acquis le pouvoir de lire et écrire principalement à travers les efforts et la coopération du Ministère de l’éducation et les diverses organisations bénévoles. A peu près trois millions d’adultes sont à-même de devenir fonctionnels dans les cinq prochaines années et ainsi de contribuer par dessus tout au développement national (...) Cela ne peut devenir une réalité que si professeurs , étudiants et Ethiopiens instruits en général, transmettent volontairement leur savoir aux adultes » ( Parole prononcé par l’Empereur a la suite de la Journée d’ Alphabétisation le 8 septembre 1968).

Le Ras Tafari Empereur d’Ethiopie est mort en 1975 assassiné par le gouvernement communiste.

Pour conclure cette biographie voici un discours du Ras Tafari : « Jusqu’à ce que la philosophie qui soutient l’existence d’une race et d’une autre inférieure, soit discréditée et abandonnée de façon permanente, jusqu’à ce qu’il n’existe plus, de citoyens de première et de seconde classe au sein d’une nation, jusqu’à ce que la couleur d’un homme n’ait pas plus d’importance que la couleur de ses yeux, jusqu’à ce que les droits fondamentaux des hommes soient garantis à tous, ce, de façon légale et sans considération raciale... Jusqu’à ce jour, le rêve d’une paix durable, l’ambition de devenir citoyen du monde, et l’existence souveraine d’une morale internationale, ne seront qu’une illusion fuyante, ce que l’on poursuit sans jamais pouvoir l’atteindre. Et jusqu’à ce que le régime ignoble et voué à néant qui tient actuellement nos frères en Angola, au Mozambique, en Afrique du Sud, par le lien inhumain, soit renversé, complètement détruit; jusqu’à ce que le fanatisme, les préjugés, la malveillance et l’égoïsme inhumain soient remplacés par la compréhension, la tolérance, et la bienveillance; jusqu’à ce que tous les Africains se lèvent et parlent en êtres libres, égaux aux yeux du Tout Puisant ; jusqu’à ce jour le continent Africain ne connaîtra pas la paix.

Nous les Africains nous battrons si cela s’avère nécessaire, nous savons que nous aurons gain de cause, car nous croyons en la victoire du Bien sur le Mal. »

( Sa Majesté l’Empereur Haile Selassie Ier. Californie le 28 Février 1968)

Quelques années plus tard, le Rasta chanteur de reggae Jamaïcain, Robert Nesta Marley, alias Bob Marley, allait adapter ce discours en une chanson: War.

B) La naissance du mouvement Rasta en Jamaïque

1) Leonard Howel, Joseph Hibert et d’autre membres de l’U.N.I.A deviennent les premiers Rastas :

En 1930 le « Moyne report » rapporte à la cours d’Angleterre les conditions de vie misérables des anciens esclaves...

Dans cette période, le Ras Tafari est couronné Roi des Rois, Seigneur des Seigneurs, Lion conquérant de la Tribu de Judah, Elu de Dieu. Beaucoup de Jamaïquains y voient la réalisation de la prophétie de Marcus Garvey :

«Regardez vers l’Afrique où un grand roi noir sera couronné, car le jour de délivrance est proche. ». Garvey avait beaucoup voyagé et lu énormément, il avait pleinement conscience du rôle tenu par Ras Tafari en Ethiopie et de sa possible accession au trône, ce qui n’était pas le cas de la plupart des Jamaïquains .

Leonard Howell, Joseph Hibbert et d’autres étudiants membre de l’U.N.I.A et Ethiopistes, décident de devenir ses disciples en Jamaïque, ils le considère comme la réincarnation de Jésus : Dieu vivant. Haile Selassie I n’a pourtant revendiqué ce titre et ne s’est jamais présenté an tant que Dieu.

Ainsi, entre 1930 et 1935, vont s’établir les base du mouvement Rastafarien. BREDAA Howel et les autres prêchèrent la parole de Selassie I en s’appuyant sur la Bible et particulièrement sur certains extraits. Ils avaient leur interprétation biblique: les Canaïtes et Judeens étaient une nation de l’Ethiopie de l’Ouest, Hamites et Sémites seraient donc une branche direct de la race Ethiopienne « I’m Black but I’m comely » ( « je suis Noir mais bienséant . » Chant de Salomon 5; 6 ) .

Jérémie 13, 23 témoigne aussi de la couleur des anciens Ethiopiens :

« Un Kouchite peut-il changer sa peau et un léopard ses taches ? » ( Kouchite = Soudanais, qui à l’époque étaient Ethiopiens.)

Il semble que la Reine de Saba ( reine Hamitique ) et Salomon eurent un fils : Menelik I qui régna sur l’Ethiopie et y établi la Dynastie Salomonique pour 3000 ans. Ras Tafari en est son successeur et il est le rédempteur Noirs qui sauvera les Noirs de l’occident, comme Moïse sauva les Israéliens d’Egypte.

Sur ce principe Leonard Howell et Joseph Hibbert fondent Ethiopian Hoptic Church ( Eglise Hoptique Ethiopienne). Durant leur sermons ils utilisent, entre autre des passages de la Bible en rapport avec ZION :

« Mais de Sion, il est dit: «  L’ homme, l’homme naquit là, et lui, il l’affermit, le Suprême !» ». ( Louanges 87, 5 ). Dans cette phrase Sion est l’Afrique et l’homme, bien qui il n’y ait pas de majuscule, est Haile Selassie I le Suprême né là bas.

De plus ils démarchaient en vendant aux prix d’un shilling des photos portraits de Haile Selassie I. Cela ne plut pas au gouvernement qui les fit arrêter en 1934. Ils avaient cependant déjà élaboré ce que l’on peut considérer comme principes de bases du Rasta MOVEMAN :

1) La véritable reconnaissance de Sa Majesté Impériale, l’Empereur Haile Selassie I, en tant qu’Etre Suprême et dirigeant du peuple Africains en Afrique et ailleurs.

2) La préparation au rapatriement des Noirs en Afrique la seule et unique patrie de la dite population

3) Le besoin pour les descendant Africains de Jamaïque, et partout ailleurs de rejeter le système qui ne représente que le mépris de la Race et symbolise l’esclavage et le colonialisme

4) La supériorité de la Race Noire puisque c’est un fait naturel que les autorités devront aux aussi reconnaître .

5) Les Européens et ceux qui les suivent sont mauvais car l’Homme Noir en a plus que la preuve et le juste aura sa revanche.

6) Les Blanc haïssent les Noirs et cette haine se paiera

C’est cette théorie qui fonde le mouvement Rasta, on y retrouve des idées Garveyistes et même plus radicales.

En sortant de prison pour avoir diffamé le gouvernement de la Couronne, Howell décide de s’installer dans les collines.

2) Pinacle: le premier «  RASTA CAMP » ( Camps Rasta )

En 1940 Howell fonde la première communauté Rasta dont il est le patriarche.. La communauté suivit l’exemple des nombreux villages Marrons de l’époque et s’installa dans les collines. Moins d’un an après cette installation, et après de nombreux harcèlements, la police organise un raid contre la communauté. Environs 70 Rastas furent arrêtés pour « actes de violences » et possession de stupéfiant : de la ganjah ( marijuana ). Pourtant, déjà à cette époque, la moitié de la population en consommait et sa culture était omniprésente dans la campagne Jamaïquaine.

En 1943 Howell sort de prison et reprend le Pinacle là où il l’avait laissé. Le village Rasta de Pinacle existera jusqu’en 1954. C’est là bas que se définît réellement le mode de vie ITAL et qu’apparue la RasTafari LIVITY .

La commune vivait de la culture et le Frère Howell en tant que Patriarche gérait tout les intérêts de la communauté. C’est la communauté théocratique NYABINGHI qui venait de naître. Les membres pratiquaient de longues méditation et vivaient en essayant de se rapprocher de JAH tous les jours un peu plus.. La croyance en Ras Tafari avait de plus été confortée lorsque celui ci chassa Mussolini d’Ethiopie comme la Bible semblait le prophétiser : Apocalypse 19, 19 « Et je vis la Bête et les rois de la terre et leurs armées rassemblées pour faire la guerre à celui qui monte le cheval et à son armé » et Apocalypse 5, 25 « Ne pleures pas; voici qu’il est vainqueur , le Lion de la tribu de Judah, le Rejeton de David : Il ouvrira le livre et les sept sceaux. »

Voici un extrait du « Report on the RasTafari Movement in Kingston Jamaïca » ( rapport de l’époque sur le mouvement de Pinacle) :

« Howell’s guardsmen grew their locks and were refered as «Ethiopian Warriors » .( Les gardes du camps de Howell faisaient pousser   leurs locks et étaient considérés «guerriers Ethiopiens» ).

Les Rastas du village faisaient effectivement pousser  leurs cheveux qui devenait alors des DREADLOCKS. Ils surveillaient l’entrée au cas où la police attaquerait.

La communauté comptait 1 600 Rastas et on y pratiquait la lecture de la Bible et la méditation, à cette époque il y avait surtout des I-DRINS mais très peu de SISTRINS ( Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ). C’est dans cette commune que la percussion et la danse Nyabinghi prirent forme.. Ce style de jeu de percussion est une évolution du style Pukumina, qui se pratiquait durant l’esclavage. Il se joue avec des percussions typiquement Jamaïcaines : grosse caisse burru, fundeh, repeater ... et son rythme est « Heartbeat » ( Battement du coeur ).

 

En 1954, la police organise in nouveau raid contre les Rastas et détruit le village, arrête 1063 Rastas. Les Rastas doivent alors vivre dans les ghettos, ce qui est un des éléments essentiel dans le développement du « moveman ».